De l’émotion, et certes de la déception dans la voix de Renaud à son arrivée à Bahia, mais de la fierté aussi, celle de s’être battu jusqu’au bout et d’avoir refusé d’abandonner.
Ce nouveau-venu dans le circuit mini essuie aujourd’hui une défaite, mais ce n’est pas un échec, c’est même une victoire personnelle. Le compétiteur exacerbé qu’est Renaud s’est poussé dans ses retranchements et malgré un débouché qui n’était pas désiré, le jeune marin ressort des griffes de l’Atlantique en ayant pris une leçon de vie, d’humilité et surtout d’humanité. Retour sur une transat d’anthologie…
Tout commence à la mise à l’eau du bateau en mars dernier, Renaud, petit tardif du circuit, fait son entrée dans la communauté ministe 7 mois seulement avant le départ vers le Brésil. Mais s’il est nouveau venu, « Némo », comme le surnomment ses proches, n’est pas un bleu. Talentueux, compétitif et persévérant, il participe à toutes les courses de la saison avec brillot ce qui lui vaudra la première place au classement mini de l’année. Les qualif’ pour la transat, il les passe aisément, mais les places sont chères, avec un nombre de participants limité… Au printemps lorsqu’il apprend qu’il est en lice, le rêve se concrétise et le processus est enclenché.
Ce fut un départ plein de promesses le 25 septembre à La Rochelle, après ces mois de préparations, le skipper du 535 est parti pressé d’en découdre. Cette première étape qui conduisait les coureurs à Madère n’a d’ailleurs pas été de tout repos, de la molle dans le Golfe de Gascogne, puis une fois passé le Cap Finisterre, de l’air certes, mais dans le nez ! Némo pourtant attaquera l’archipel en tête, potentiel prétendant au podium il optionne mal et perd de précieuses minutes, arrivant à Madère en 4è position. Très belle performance au demeurant, mais Renaud est un assoiffé de dépassement et se répète qu’il aurait pu mieux faire.
Il dira à Funchal que « l’objectif est d’arriver de l’autre côté », tout en nourrissant l’ambition légitime d’arriver devant. Et arriver devant Renaud en avait clairement les moyens, il ne lâchera d’ailleurs pas la tête de flotte, se maintenant dans les dix pendant les 20 jours de course extrêmement éprouvants de cette Mini Transat. Car si pour faire la Mini il faut de la bravoure savamment alliée à un brin de folie, il fallait cette année être un sacré battant pour affronter les conditions excptionnelles d’une météo qui n’aura fait aucun cadeau, engendrant des abandons, de la casse et de l’épuisement supplémentaire.. Malmenés ? Ha ça ils l’ont été les gaziers, de mémoire de ministes, cette édition est la plus dure rencontrée depuis de nombreuses années.
On se souvient avoir vu Renaud partir à l’ouest au sortir de la ceinture équatoriale, il ne s’agissait pas de stratégie mais de prudence, Run’O avait des problèmes de bas haubans et ne pouvait alors plus faire de tribord amure. Le 535 a beaucoup souffert des caprices météo. Dès la seconde nuit au large des Canaries, une des fixation de barre de flèche se casse, puis en approche du pot au noir alors que le vent monte, c’est la fixation de bas hauban qui casse. Au total Renaud sera monté 6 fois dans le mât durant la traversée pour procéder à des réparations : « Je ne m’attendais pas à cela, je ne pensais pas que ce serait aussi dur nerveusement. J’ai eu de grands moments de découragement et de pétage de plombs et clairement sur la fin je me suis mis dans le rouge, je revenais sur le groupe de tête et n’avait pas beaucoup dormis vu les conditions très difficile des derniers jours. A l’approche de la baie, après une journée de pétole dans un vent qui tournait dans tous les sens, j’ai décidé d’aller me reposer, il était prévu que ça rentre, le vent commençait a s’établir, je voulais prendre de l’énergie avant la dernière ligne droite ».
Renaud va donc dormir et n’entendra pas son réveil, mais ce n’est pas le réveil tardif le responsable, l’antenne VHF bloquait la girouette et le bateau s’est dérouté… « Je me suis réveillé quand j’ai senti les déferlantes rentrer dans le bateau, avant c’était déjà très dur mais là c’était le cauchemar. Bien que le bateau n’ai pas subi de dégât majeur et que je m’en sois sorti intact, à l’exception de piqures de méduse, j’ai quelque part un peu de chance dans mon malheur. »
Amer, Renaud espérait repartir et franchir la ligne d’arrivée avant les 72h limites, mais l’océan ne le permettra pas. Il est reparti le 8 novembre à Bahia grâce à la formidable solidarité de l’organisation, qui dès son échouage s’est précipitée à son aide. Mais également grâce au soutien de sa famille et à l’aide de ses potes ministes, venus à 15 lui filer un coup de main. Cette formidable amitié qui draine la communauté mini c’est aussi la source de leur courage, ce qui est arrivé à Renaud aurait pu arriver à l’un d’entre eux. L’histoire de sa course c’est aussi la leur, et une fois de plus la preuve indiscutable que le mini c’est la famille.
Alors Renaud est déçu oui, mais c’était une bataille introductive et non pas la fin d’une carrière, sa revanche avec les éléments il y pense déjà, avec l’expérience de cette saison très encourageante. Aux remords peuvent maintenant succéder l’optimisme et la caipirinha.
Renaud tient à remercier les partenaires qui lui ont permis de réaliser ce projet : Printerre, Le Cornely, In-Team et unevoiturealouer.com.
GPO et toute l’équipe d’organisation de la Transat pour la superbe aventure que nous avons vécu, et le soutien apporté lors de cette fin de course difficile.
Tous les coureurs pour leur formidable aide et leur soutien ainsi que les moments passés sur l’eau et à terre. Sa famille et ses amis pour tous les encouragements reçus et d’avoir suivi tout ça de si prêt !
Rendez vous dans quelques semaines à l’occasion du salon nautique de Paris pour la suite du programme !
Contact Presse: Fanny Allard, fanny.allard@yahoo.fr